Avis de recherche : Où sont passés les Millions de Christian Estrosi ?
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Qui a vu l’audit sur les TER ?

En 2016, les dépenses de fonctionnement et d’investissement de la Région PACA sont en passe de diminuer de 92 M€ (-55 M€ en fonctionnement, -37 M€ en investissements).


Voilà l’information essentielle qu’il faut retenir du Débat d’orientation budgétaire 2017 (pages 107 et 110), à l’opposé des effets de communication de M. Estrosi. Où sont donc les brassées de Millions d’euros que M. Estrosi annonce à chaque conférence de presse ?


Certainement pas dans les TER. La seule orientation forte de M. Estrosi va être de faire des économies en cassant le cadre régional des transports et le développement des TER (dont l’offre a augmenté de 38% entre 2007 et 2015). M. Estrosi annonce son refus de payer 36 M€ sur la facture SNCF, à appui d’un audit d’un Groupe privé concurrent. Pourquoi n’en sait-on pas plus ? Je demande la publication de cet audit sur les TER.
Après avoir rompu toute discussion avec la SNCF, M. Estrosi fait voter une délibération dans laquelle il « ordonne à la SNCF » (sic) d’exécuter un plan de transport unilatéral en 2017, en dehors de tout cadre contractuel. Bientôt, il va nous faire croire qu’il peut conduire les trains lui-même. Il ne faut pas s’y tromper. M. Estrosi n’est pas en train de négocier un meilleur prix du service des TER, mais de baisser l’offre de service, et de substituer de la route au rail.
Il n’oublie pas au passage de donner des cars de substitution Cannes/Grasse à ses amis du Conseil départemental 06, en dehors tout appel d’offres. La concurrence, ça fonctionne quand ça l’arrange.
Tant pis pour les Millions sur le rail, et pour le reste aussi.


Sur les propres thématiques de M. Estrosi, on est frappés du décalage entre les 250 M€ annoncé sur la sécurité et un appel à projets de …4 M€ voté à cette plénière. De toute façon, c’est l’Etat qui va être content. Il continue de baisser ses dotations de 30 Millions € par an à la Région et pour le remercier, M. Estrosi veut financer l’Etat sur ses compétences régaliennes comme la gendarmerie.
La sécurité, la délinquance, ces mots sont les seules priorités du paragraphe sur les lycées, comme si notre jeunesse n’était que « dangereuse ». La vision régionale de la culture n’est guère plus réjouissante. Elle repose sur deux piliers : l’argent (il faut que ça rapporte), et le folklore passéiste. Ainsi, la Région se préoccupe de la langue nissarde, mais rien, strictement rien, n’est dit sur les héritages d’une terre d’immigration, la diversité culturelle, et la mémoire commune à partager.


Les Millions vont-ils à l’Economie, alors ? On les cherche. Le fameux Fonds d’Intervention pour l’Economie Région (FIER) de 94 M€ est juste une « marque » qui regroupe les fonds d’investissements créés par l’ancienne majorité, qui additionne crédit régionaux et européens sur plusieurs années.
Les Millions vont-ils (malheureusement) à ITER ? La Région va voter une enveloppe de rattrapage de 13,5 M€ pour la machine ! Mais le budget de la Recherche est de 30 M€ : Un tiers de la recherche pour ITER ? Que vont devenir les autres projets ?


Les Millions vont-ils à l’agriculture biologique, aux logements sociaux, à l’économie sociale et solidaire ? Non, tout cela n’existe plus dans les politiques régionales. Par contre, les appels à projets pour les stations de ski évoquent bien « la neige de culture », des projets de golf et de captation de l’eau.
Il y a d’ailleurs de quoi être inquiet sur les enjeux environnementaux et climatiques. Des plans de prévention des inondations et des risques naturels sont votés, et d’autres annoncés, sans aucune orientation de la Région, sans qu’aucun élu soit responsabilisé sur ce grave problème. Idem pour le Plans régional de gestion des déchets (nouvelle compétence, transférée des départements), qui nécessiterait l’investissement à temps plein d’un élu au moins ! Le programme AGIR pour les énergies renouvelables en lien avec les territoires n’existe plus. La Région se contentera des projets de recherche des pôles de compétitivité en matière d’énergie.


Quand on ajoute tout cela à la crise du rail annoncée, on comprend que cette Région n’a plus aucune stratégie climatique, pour permettre à ses habitants de mieux se déplacer, de diminuer la facture d’électricité, d’anticiper les changements climatiques qui affectent les montagnes comme le littoral.
M. Estrosi sert ses amis, ses entreprises, ses élus sur son territoire, le tout dans une conception autoritaire, brutale et verticale du pouvoir.


Je regrette et j’alerte sur ces orientations et cette absence de démocratie, qui nous éloignent de l’intérêt général et d’une meilleure égalité des territoires dans notre Région.


Sophie CAMARD

Communiqué du 3 novembre 2016.