Cannabis : Soigner plutôt qu’emprisonner…
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La politique de la tolérance zéro  est un échec flagrant et intenable, comme la prohibition de l’alcool a été aux USA un encouragement au trafic.

Il vaut mieux envoyer les consommateurs de drogues en soin  plutôt qu’en prison ; 3000 personnes sont actuellement détenus  pour un simple usage. En sortiront-ils guéris? Ce modèle répressif n’a sauvé aucune vie. Certaines drogues sont légales est tout  aussi dangereuses. L’alcool est responsable de 40.000 morts par an, un message anti- abus est délivré qui dit «  Buvez avec modération » beaucoup entendent seulement « Buvez ». Le tabac tue 60.000 personnes par an, les slogans sur les paquets de tabac font le bonheur de quelques agences publicitaires mais ne font pas diminuer la consommation. Les accidents de la route ont tué 10.000 individus et blessés 100.000 et pourtant les fabricants de voiture ne sont pas en prison.

Bien sûr la consommation de cannabis est dangereuse par les effets psychotropes qu’elle engendre, mais ces effets sont peu différents de ceux de l’alcool y compris au volant où elle doit être sanctionnée de la même façon. Il faut changer la loi qui fait de ces produits interdits des sources de trafic clandestin et génère violence et délinquance, trafic d’armes contre drogue etc…..

La violence dans les quartiers est essentiellement liée à ce trafic. Il y a aujourd’hui en France 100.000 petits dealers qui gagnent entre 800 et 1200 € par mois, sans couverture sociale, sans vacance, sans école ou formation et qui en plus prennent des coups de feu, parfois en meurent ou finissent en prison. Sur les milliards d’euros dépensé dans cette lutte policière, quelles économies pourrait-on réaliser pour qu’ils trouvent un emploi et une vie saine?

Il faut médicaliser le système comme au Portugal où un recul de dix ans permet de faire un bilan positif. Sous la responsabilité du ministère de la santé des commissions de suivi et de probation encadrent le toxicomane qui reçoit les produits dont il a besoin. Tout n’est pas permis,  c’est une légalisation contrôlée par l’état, c’est une question de santé publique. C’est également ce que prône le maire de Sevran, Stéphane Gattignon, c’est aussi le modèle qui va être suivi par la république tchèque.C’est cette décriminalisation que viennent de voter trois états fédéraux américains.

Pour les  médecins spécialistes, la politique tout répression est d’un autre âge, il faut encadrer les toxicomanes, accentuer la prévention, faire cesser le trafic par un autre mode de distribution légal et contrôlé. Dépénaliser et surtout décriminaliser.

Cesser d’opposer l’état sécuritaire à l’état sanitaire dans notre pays.

 Michèle Poncet-Ramade, Neurologue 

A voir également  : son intervention sur la dépénalisation du cannabis pendant la campagne des législatives 2012.