Etat d’urgence à Marseille : le gouvernement à la hauteur des enjeux
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Communiqué de presse du 7 septembre 2012

 

Le séminaire interministériel d’hier a répondu en partie à nos attentes avec des annonces qui ne concernent pas seulement le champ sécuritaire (même si l’annonce d’un renfort des moyens humains paraît utile dans les quartiers Nord).

Nous nous réjouissons de l’annonce :

• d’un processus de métropolisation au périmètre large réunissant les pôles de recherches, d’emploi, de déplacements des habitants. Cela va permettre d’esquisser un processus d’éco-métropolisation en développant les transports collectifs dans une zone en saturation automobile, d’entamer la reconversion de sites industriels liés à la société du pétrole, de mutualiser les programmes d’isolation thermique des bâtiments, de lancer de nouvelles filières économiques -adossées à des pôles de recherches développement forts autour des emplois verts et de l’urgence écologique, de développer les équipements culturels et sportifs sur l’ensemble du territoire métropolitain en renforçant l’autonomie financière de la collectivité.

• des moyens déployés dans le champ éducatif avec le retour de la scolarisation des élèves dès 2 ans dans les zones prioritaires ; l’ouverture amplifiée des écoles sur l’extérieur ; l’aide renforcée au soutien scolaire ; la création d’une seconde école de la deuxième chance…

• des modifications législatives en matière d’urbanisme et de droit au logement avec notamment la hausse à 25% du seuil de logements sociaux imposé sur l’ensemble des arrondissement de Marseille pour favoriser la mixité sociale et faire face à la crise du logement (32 000 demandeurs de logements sociaux sur liste d’attente à Marseille) mais aussi l’accélération des programmes de rénovation urbaine en interaction plus franche avec la politique de la ville.

Nous attendons  du gouvernement des annonces précises concernant les moyens mis en œuvre pour développer un véritable axe Nord -Sud en tramway reliant l’Hôpital Nord à Luminy pour désenclaver la ville de Marseille et sortir d’une situation d’apartheid urbain ainsi que le déblocage de crédits pour créer un véritable RER sur l’aire métropolitaine (Aubagne, Marseille, Aix, Marignane + Martigues). Nous souhaitons que les études commencent avant le nouveau contrat de projets Etat Région prévu en 2014.

Nous regrettons l’absence d’annonce d’un grand débat public réunissant experts, monde médical et judiciaire autour de la question de la dépénalisation et de la légalisation du cannabis. Il est dommage que cette question ne soit même pas envisagée comme pouvant être une piste pour lutter contre les trafics mafieux de stupéfiants et ramener le calme dans certaines cités gangrénées par ce trafic et les réglements de compte qu’il génère.

EELV ne se privera pas de mettre ce débat sur la place publique ces prochains mois.

Il reste que si l’Etat semble enfin s’intérresser à Marseille, la transformation de la ville passe d’abord par un changement dans les pratiques des dirigeants de la deuxième ville de France. Il faut rompre avec l’héritage de 80 années d’une ville enlisée dans un système où le clientélisme est roi et où existe une porosité patente entre le milieu et la sphère politique. Il faut qu’enfin les maires des principales agglomérations de l’aire métropolitaine apprennent à dialoguer dans un esprit d’intérêt général et non de défense de petits intérêts locaux à vocation électoralistes.

Face à la gangrène du clientélisme et de l’affairisme provoquant la dégradation des services publics, l’atrophie de l’espace public, l’absence de vision et d’ambition des dirigeants ; face à l’emprise d’un syndicat « maison » vérolé sur le pouvoir municipal ; face à la fracture de la ville en deux avec la Canebière pour limès ; face à la co-gouvernance gauche – droite à la petite semaine de la ville et le simulacre de conflits pagnolesques, Marseille possède des atouts considérables pour dévenir le phare de l’Euroméditerranée aux côtés de Gênes et Barcelone.

Marseille est au centre de l’arc latin et au débouché du sillon rhôdanien ; elle dispose d’un pôle universitaire et de recherche important, d’un tissu associatif dense ; d’un projet de requalification de son arrière port avec le projet Euroméditerranée qui peut s’avérer utile pour recoudre la ville, fédérer les acteurs locaux et s’inventer un nouveau destin ; elle vient de voir créé le premier parc national péri-urbain d’Europe avec le parc des Calanques ; elle sera l’an prochain capitale européenne de la culture (ce qui peut participer à casser certains stéréotypes et à entamer une mutation de son espace urbain et de son image)…

Enfin Marseille, ville rebelle, jouit d’une identité populaire phénoménale et d’un creuset culturel fédérateur nourri dans la légende sublime de fraternité de Gyptis et Protis (la belle choisissant le métèque). Marseille n’a pas de banlieue, son centre ville est un espace partagé par tous les marseillais et reste populaire ce qui en fait une exception en France.

Europe Ecologie Les Verts va tenter ces prochains mois de diagnostiquer les points de blocage de la ville et d’y apporter  des réponses précises dans le but de participer, aux côtés de tous ceux qui veulent vraiment que leur ville change et qui souhaitent rompre avec cet attachement désillusionné à la ville, à la métamorphose de Marseille en 2014.

Nos élus régionaux et locaux se battront pour améliorer l’offre de transports et de logements sur l’aire marseillaise en travaillant en lien étroit avec le gouvernement.

 

Sébastien Barles
Porte parole régional.
sebastien.barles13@orange.fr
06 75 00 63 31

Laurie Faugère
Porte parole régional.
lauriefaugere@gmail.com
06 61 60 34 58

Le 07 septembre 2012