Lundi 5 novembre à 9h, les immeubles de la rue d’Aubagne s’effondrent. Le lendemain, la mairie du 4e secteur organise une soirée chocolat ! Une semaine après, lundi 12 novembre se déroule le conseil des 6e & 8e arrondissements de Marseille. Hervé Menchon, élu EÉLV relate son échange pendant la séance avec Yves Moraine, maire LR du 4eme secteur.
“Le conseil d’arrondissements a débuté par une minute de silence. Le maire, Yves Moraine a indiqué que suite au drame de la rue d’Aubagne, le drapeau de la mairie de secteur, en berne, le resterait toute la semaine. Il nous a rendu compte des moyens humains et matériels mis en oeuvre par la mairie de secteur. Un débat s’est installé, qui n’était pas inscrit à l’ordre du jour. Le maire me donne la parole.
1 – J’expose l’affront fait aux victimes par une forme de démission de l’adjointe à l’urbanisme qui fait la fête et déguste du chocolat au moment où un quartier s’effondre, s’effondre … Affaire qui pourtant relève de sa délégation.
2 – Je soulève ensuite des questions sur le rôle qu’ont joué les dirigeants de l’association « Partage amitié et fête » durant sa campagne des législatives 2017.”
Ecouter l’extrait sonore
de l’intervention d’Hervé Menchon et la réponse du maire :
Dans le verbatim ci-dessous, vous trouverez L’intégralité de mon intervention :
“Bonsoir, merci de nous permettre d’avoir ce débat entre nous ce soir. Je pense que c’est un choc que nous avons effectivement tous partagé et que, même si ça ne se voit pas toujours, beaucoup ici ont de l’émotion et de la peine face à ces immeubles qui se sont effondrés et ces vies qui se sont effondrées en même temps. Les victimes sont, au-delà des huit morts sous les gravats, les victimes sont bien plus nombreuses. Vous en avez parlé, je ne vais pas répéter ce qui a déjà été dit avec ma collègue Annie Levy.
Mardi dernier, monsieur le maire, s’est tenue ici une animation qui pouvait ne pas être l’objet d’une publicité sur les réseaux sociaux, par facebook par exemple ou via la page de la mairie. Je trouve que c’était très maladroit et ça m’a blessé parce que nous sommes des vôtres, nous sommes tous ici représentants de la population de nos secteurs, tous élus, et nous avons tous des valeurs républicaines, je le pense sincèrement.
Mais face au drame qui soulevait beaucoup de questions et de débats, et sur la gestion, et sur les projets, et sur la vision de l’urbanisme à Marseille : je n’ai pas supporté d’y voir notre collègue Laure Agnès Caradec.
Je le lui dirais en face si elle était là, bon… elle est excusée. Je n’ai pour habitude de tirer sur les gens, je n’ai rien dit quand le permis de construire d’André Malrait a été régularisé alors que les travaux avaient démarré sans permis.
Je ne remue pas la boue. Mais là ! Nous avons tous été éclaboussés !
Il est insupportable de voir notre collègue en robe rouge, extrêmement souriante déguster des chocolats alors même que, dans le même temps, nous comptions déjà trois morts et que des poches de survies, ce que disaient les secours, étaient encore possibles et des gens étaient en train d’agoniser, probablement, puisque le drame s’était produit il y avait seulement 36 heures. Nous étions dans le laps de temps où les gens étaient susceptibles d’être agonisants donc encore en vie et dans la souffrance sous les gravats.
L’association, qui avait pour objectif très vague de créer des événements, de partager de l’amitié, venait juste de se créer le 22 septembre.
Ce n’est pas acceptable, aujourd’hui, que ces deux personnes, qui ont plusieurs associations d’ailleurs, soient ainsi remerciées dans ces locaux, en très peu de temps après la date de création de leur association. Cela pouvait attendre, si on est capable entre le 22 septembre et le 6 novembre de les faire venir et d’organiser une réception, ça pouvait attendre 15 jours. Ça pouvait attendre !
Je suis désolé, j’espère que vous comprendrez ma peine face à cette situation. Et puis une part de honte aussi, une part de honte parce que ce n’est pas la vision que je me fais de notre fonction ici. L’idée que je me faisais de nous tous ici, c’est que nous n’étions pas capables d’aller si loin dans l’avanie, dans l’affront qui est fait aux victimes.
Et puis si vraiment il y avait des questions de logistique qui faisaient qu’on n’aurait pas pu annuler cette animation… ça a quand même été possible pour les animations du restant de la semaine, on a pu les annuler, les autres… Puisque l’invitation était lancée par madame Martinod, vous auriez pu vous faire représenter par notre collègue Martinod et éviter de donner cette image festive pendant qu’on recherchait les 5 autres morts, s’ils étaient morts à ce moment-là.
Voilà, j’ai été un peu long, je n’avais rien préparé. »
Le maire ne m’a pas répondu sur les liens qu’il entretien avec les fondateurs de cette association. Il a affirmé avoir attendu ce soir pour s’expliquer.
Il dit qu’il s’agit d’une association dont l’idée a été lancée avant l’été qui a pour but d’agir dans les 6e et 8e arrondissements. Il prétend qu’il ne connaissait pas les détails de la soirée et que ce n’était pas une soirée chocolat. « Le post facebook était stupide » dit-il, car présentant la soirée « comme une soirée chocolat, ce qu’elle n’était pas ».
Il s’excuse auprès de ceux qui ont été « sincèrement » choqués. Il me répond qu’il est écœuré par P. Mennucci et S. Mari et conclut sur « Je préfère une inattention coupable dont je peux m’excuser, que l’ignominie, le déshonneur que constitue le fait de faire de la politique sur le malheur d’autrui. »
Il est alors applaudi par une partie de ses conseiller.e.s qui ont tôt fait d’oublier la minute de silence. Le protocole veut qu’on ne reprenne pas la parole après la réponse du maire.
Mais après cela, je ne suis convaincu que d’une seule chose: il y a des politiques dont le déshonneur est de faire le malheur des gens.
Cordialement.”
Hervé Menchon
élu EÉLV à Marseille, 4e secteur.
06 86 03 96 34
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