Pour une écologie de rupture
Sauter comme un cabri en criant « Croissance ! Croissance ! » n’a aucun sens dans un monde aux ressources en déclin. Lucides sur les constats, renouons avec notre raison d’être de faire de la politique qui consiste, comme disait Richelieu, à rendre possible ce qui est nécessaire.
Ce qui est nécessaire découle des rapports du GIEC, des constats des experts de la biodiversité, des catastrophes passées et prévisibles, notamment nucléaires, de l’empoisonnement des sols, de l’eau, de l’air, de nos organismes, de l’épuisement des ressources de toute nature, le fameux « peak-all »… la liste n’est pas close et s’enrichit de jour en jour des problèmes auxquels il faut s’atteler, des forces avec lesquelles on ne négocie pas mais dont il est vital de tenir compte.
C’est notre raison d’être, notre utilité en tant qu’écologistes, d’être lucides sur le constat et d’ouvrir des perspectives. C’est là qu’on nous attend. Prendre en compte le désarroi des hommes et des femmes devant les défis que posent l’épuisement des ressources et les effondrements économiques qui se propagent comme des dominos. Accompagner, donner du sens aux crises multiples que nous traversons et traverserons encore, proposer des alternatives, rendre accessible un chemin praticable vers un monde vivable, de préférence convivial et solidaire. Si nous ne le faisons pas, qui le fera ? Si nous ne le faisons pas, qui fera comprendre à ceux qui souffrent et sont tentés par des solutions qui n’en sont pas que l’écologie leur veut du bien ?
Depuis quelques années, notre parti semble s’éloigner de cette mission fondamentale qui a toujours été la nôtre. L’écologie politique est entrée dans la conscience collective par la protection de la nature. Renier nos fondamentaux est à la base de notre discrédit. Enfourchant sans nuance tous les chevaux, parfois contradictoires, de la contestation, nous sommes devenus illisibles. Incohérents, entre nos discours et nos pratiques, nous sommes devenus inaudibles.
Avenir Ecolo croit que le moment est venu de renouer avec le débat sur les problèmes de fond. Il est temps de rompre clairement avec le discours consensuel sur la croissance. Le mythe de la croissance n’est ni neutre ni indolore. Il implique une concurrence sans fin entre les individus, entre les entreprises, entre les peuples. L’accroissement de la compétitivité, au service du toujours plus, du jamais assez, se fait au détriment des acquis sociaux et broie les individus. Il ne s’agit plus de consommer mais de se gaver, non plus de produire mais de surproduire sur la base de besoins fabriqués de toute pièce. L’acte de faire est remplacé par l’acte d’acheter. L’avenir des plus démunis se résume à un endettement chronique par le recours au crédit. Tout cela jusqu’où ? Tout cela pourquoi ?
La croissance verte ne rompt pas avec ces travers. C’est une expression qui permet de faire croire que tout change pour que rien ne change, comme l’avait compris Le Guépard de Lampedusa. Tournons résolument le dos à cette impasse et imaginons un bien-vivre sans croissance. Accompagnons, engageons-nous auprès de ceux qui mettent en œuvre des projets qui reposent sur la sobriété, l’autonomie et la solidarité, ceux qui anticipent la décroissance à venir, ceux qui expérimentent de nouveaux liens sociaux, augmentent la résilience face à la précarité, au chômage, aux dégradations environnementales, à l’explosion des coûts du logement, de l’énergie et de la nourriture engendrée par une économie devenue hors-sol.
Nicolas Georgescu-Roegen, Serge Latouche, Bertrand Méheust, Jean-Pierre Dupuy, Edgar Morin… et bien d’autres ont compris que notre société fonçait vers un précipice et qu’une métamorphose s’imposait. La prise de conscience progresse aussi chez les hommes et les femmes de notre pays, qui espèrent que des politiques auront le courage de changer l’aiguillage à temps. Si nous ne le faisons pas, qui le fera ?
Pour qu’EELV cesse de décevoir, soit enfin audible, clair et cohérent, pour une écologie de rupture, soutenez et votez pour la motion Avenir Ecolo.
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