Alors que le gouvernement a lancé ce matin un plan d’évacuation de la zone occupée du Bois-Lejuc qui correspond au lieu du projet d’enfouissement des déchets nucléaires de CIGEO/BURE, Michèle Rivasi, députée européenne, appelle à la raison et demande un débat démocratique sur les alternatives à l’enfouissement :
« Les décisions à prendre pour le stockage de déchets radioactifs auront des conséquences sur nos générations futures pour des centaines de milliers d’années. Nous devons prendre le temps de réfléchir et de débattre de manière démocratique et transparente.
Ce grand projet de stockage de déchets radioactifs, qui nous est imposé, prévoit d’enterrer des milliers de mètres cubes de déchets radioactifs à 500 mètres de profondeur, dans plus de 300 kilomètres de galeries. Ces déchets nucléaires radioactifs resteront sous nos pieds pendant des centaines de milliers d’années avec toutes les failles techniques qu’on connait: risque d’incendie souterrain, impossibilité d’intervenir et récupérer les déchets en cas d’accident, rejets en surface considérables… La fiabilité du site à Bure a été mise en doute le 11 janvier par l’Autorité de Sureté du Nucléaire (ASN) elle-même qui a demandé de nouvelle garantie à l’Agence Nationale pour la gestion des déchets Radioactifs (ANDRA). Mais la filière nucléaire agit en toute impunité et conduit des projets dans l’opacité la plus totale.
Il n’y a aucune transparence, ni débat sur la gestion des déchets et si on prend du recul sur les exemples à l’étranger, on observe qu’aucun site d’enfouissement en profondeur n’est fiable. L’expérience la plus similaire à celle de CIGÉO, WIPP, aux Etats-Unis, a rapidement montré les limites d’un tel choix : deux incendies successifs en sous-sol ont provoqué la contamination en surface de 21 ouvriers. Du Plutonium et de l’Américium se sont échappés à des kilomètres et ont contaminé toute l’installation souterraine. A Asse en Allemagne, les fûts baignent dans l’eau. Même en Suède, la justice a donné un avis défavorable au projet d’enfouissement dans le granite.
En profondeur, rien ne se passe comme en surface. Le principal problème de l’enfouissement est l’irréversibilité. Pendant les centaines de milliers d’années où les déchets enfouis resteront radioactifs, nous ne pourrons pas gérer les problèmes techniques, logistiques ou géologiques qui se dérouleront et qui auront des conséquences désastreuses sur les nappes phréatiques et les populations avoisinantes.
Je soutiens les citoyens français qui se mobilisent et occupent le site pour que ce projet ne voit jamais le jour ! C’est le nucléaire qui est hors la loi, il ne respecte pas la loi sur la transition énergétique votée par l’assemblée nationale en 2015 et il ne répond pas aux objectifs européens sur le développement des énergies renouvelables.
Michèle Rivasi et les écologistes demandent depuis des dizaines d’années la sortie du nucléaire pour ne pas avoir à gérer ses déchets particulièrement dangereux. « Lorsque la baignoire déborde, il faut d’abord couper le robinet » Nous dénonçons aujourd’hui la vision court-termiste des politiques et des lobbys du nucléaire qui nous a amené dans la situation d’aujourd’hui. Michèle Rivasi demande :
– L’arrêt immédiat de l’opération d’expulsion des citoyens sur place.
– Une étude approfondie sur les stockages en surface et en subsurface et un moratoire sur le projet Cigéo.
– le respect immédiat de la loi 2015 sur la transition énergétique et la fermeture des réacteurs qui en découle.
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Communiqué de presse de Michèle Rivasi, députée européenne, co-fondatrice de la CRIIRAD.
Jeudi 22 février 2018