| Le Forum alternatif mondial de l’eau (FAME) s’est clôturé samedi par une manifestation festive à laquelle plus de 2500 militants internationaux, investis dans la défense de l’accès à l’eau, bien public et droit fondamental, ont participé. « So So solidarité avec les femmes du monde entier. » Les porteuses d’eau et de solutions, car « tout dépend de la volonté des politiques », ont ouvert vendredi le cortège de clôture du Forum Alternatif Mondial de l’Eau. Suivaient plus de 2500 manifestants partis du palais Longchamp jusqu’au Vieux Port. Un défilé haut en couleurs. De quoi scander dans toutes les langues et sous toutes les formes « L’eau est un bien commun et pas une marchandise » ce qui sous une bannière d’une délégation italienne donnait « Acqua per tutti non per il profitti ». Le cortège s’ébranle, Naky Sy Savané, comédienne, transporte des tas de choses sur la tête. Avec six autres femmes africaines, elle a revêtu une tunique bleue dénonçant les violences faites aux femmes. « J’ai voulu porter la voix des femmes qui ne cessent de faire des allées et venues pour aller chercher l’eau mais aussi parler d’une souffrance majeure, c’est à dire les mutilations génitales ».La batucada aixoise Pulsabatouk enflamme le cortège multicolore comme en écho au carnaval de Marseille sur le Prado. Mais le ton reste malgré tout d’actualité : « Arrêtons d’assoiffer les petits paysans », « Avant j’avais la main verte demain j’aurai la main noire », « Non au gaz de schiste et de charbon ». Ils sont venus nombreux du Var dénoncer l’extraction de gaz par fracturation hydraulique autorisée dans le cadre de la recherche scientifique. « Les politiques ont donné leur accord pour l’expérimentation. Ils se moquent de nous et nous manipulent. Je n’ai pas oublié que nous sommes le pays du sang contaminé, c’est le même problème. Au lieu de forer, ils feraient mieux d’aller voir ce qui se passe au Canada », fulmine Nicole, du collectif Stop au gaz de schiste et charbon.Des porteuses d’eau aux porteurs de gouttes, le CCFD-terres solidaires invite à grossir le flot des petites rivières. Les manifestants peuvent laisser des messages sur le dos des porteurs. « Nous avons recueilli des messages ou des dessins d’enfants, ici d’une classe du Panier pendant le Forum », décrit une militante. Et derrière elle, la Marche mondiale des femmes prévient : « Tant que les femmes ne seront pas libres nous serons en marche ». Marlène, la doyenne des participantes, tient sa canne d’une main et de l’autre la banderole. « L’eau c’est aussi une affaire de femmes, même ici en occident, en lavant les enfants ou pour le ménage. Aucun développement ne peut se faire sans eau, le problème c’est que le développement abîme l’eau. On est radicalement contre l’exploitation de la ressource pour le profit » déclare-t-elle. Dans le cortège, les organisations syndicales départementales CFDT, CGT, FSU, Solidaires, Unef, Unsa et de nombreux partis politiques. Parmi eux des élus du PCF 13 et du Front de gauche dont Pierre Dharreville, secrétaire départemental ou encore Christian Pellicani (Pcf), conseiller municipal qui enjoint les élus à agir concrètement « en faisant comme nous, voter contre les délégations de service public de l’eau ». Egalement le député européen EELV José Bové qui a fait le déplacement pour soutenir « le seul vrai Forum ». La manifestation bat son plein. L’animatrice sonore, membre du collectif d’organisation, informe les badauds postés sur les allées de La Canebière : « Nous sommes là pour dire que l’eau est le bien commun de l’humanité, et qu’elle ne doit pas être soumise aux multinationales. Nous nous battons aussi pour dire halte au partage inégalitaire. L’eau est source de vie pas de profit ».François Rensch d’Attac La Ciotat tient avec un collègue une mini banderole « Paris a repris l’eau à Véolia et Suez, et Marseille ? » La majorité municipale a renouvelé la DSP mais la question de l’eau publique progresse. « Dans d’autres communes c’est ouvert, explique-t-il. Des collectifs se créent pour faire pression et analyser les comptes, pour révéler que l’argent ne sert pas qu’au service de l’eau mais aux actionnaires ». Comment aller plus vite alors ? « Certains partis portent le message et travaillent en synergie avec les mouvements sociaux. Le jour où l’argent du Forum mondial, soit plus de 30 millions d’euros dont ¾ d’argent public ira dans des solutions alternatives, effectivement ça ira plus vite !La manif signe la fin d’un contre-la montre bien mené pour le contrôle démocratique de la ressource mère de l’humanité, mais c’est la fête. Perchée sur le char du phare du Conseil général du Val de Marne la gardienne avise au loin, Greenpeace « Protège la méditerranée », Une ONG américaine affirme « Power to the People », la batuda fait le reste. A deux pas des Alternatifs, Mouloud Bel Kolaï de l’Union juive française pour la paix dit « Stop à Véolia, et stop à la colonisation ». « Nous venons défendre les droits des Palestiniens car c’est par une volonté politique qu’on les maintient dans le sous-développement. Il s’agit d’un projet sioniste pour les empêcher d’accéder à l’eau. Israël est en déficit d’eau. Il va accentuer la pression en continuant de ne pas respecter la loi. Dans la bande de Gaza il a détruit le réseau d’assainissement et les réservoirs d’eau. Ils sont en train de les parquer comme les Indiens, sur des territoires stériles ».L’eau, bien fondamental. Il reste sans aucun doute des millions de kilomètres à parcourir pour parvenir à une reconnaissance mondiale. Quand, en clôture du FAME le cortège est arrivé hier sur le Vieux Port, nul doute que la défense de cette cause avait progressé dans l’opinion publique. Reportage Nathalie FREDON http://www.lamarseillaise.fr/le-fait-du-jour/l-eau-bien-commun-et-droit-fondamental-26126.html |