Plus d’un milliard de personnes restent sans eau potable et 2,5 milliards n’ont toujours pas de toilettes dans le monde, un constat alarmant qui oblige à agir après des années de discussions, ont conclu les participants au 6e Forum mondial de l’Eau réunis cinq jours à Marseille.
Plus d’un milliard de personnes restent sans eau potable et 2,5 milliards n’ont toujours pas de toilettes dans le monde, un constat alarmant qui oblige à agir après des années de discussions, ont conclu les participants au 6e Forum mondial de l’Eau réunis cinq jours à Marseille.
Un message similaire, mais avec des solutions différentes, devait clore samedi le « Forum alternatif » organisé par les écologistes et ONGs de solidarité sur les Docks de la cité phocéenne.
Première avancée, selon le président du Conseil mondial de l’eau, organisateur de la réunion triennale, Loïc Fauchon, « l’eau sera pour la première fois inscrite parmi les 9 priorités de l’agenda international discutées au sommet Rio+20 » du 20 au 22 juin
« Si on arrivait à placer haut la question de l’eau dans les préoccupations des chefs d’Etat et que le Fonds Vert (promis par le Sommet climat pour aider les pays pauvres) consacre, lorsqu’il sera créé, la moitié ou le quart de ses financements à des solutions concernant l’eau, alors nous n’aurons pas perdu notre temps », a-t-il dit à l’AFP.
Vendredi des dizaines de représentants gouvernementaux, de collectivités locales, d’entreprises, d’associations de plus de 130 pays, jusqu’aux lycéens de Marseille, se sont engagés à participer, à la mesure de leurs moyens, à la lutte contre la « crise de l’eau ».
Trois volets d’engagements ont été annoncés : mettre en oeuvre le droit humain sur l’accès à l’eau et à l’assainissement reconnu depuis juillet 2010 par l’Onu, économiser l’eau et bien gérer cette ressource menacée par le réchauffement climatique.
Mais depuis deux ans, seuls 40 pays ont inscrit le droit à l’eau dans leur constitution. Les 84 ministres signataires d’une déclaration ont plaidé pour une accélération de l’application de ce droit.
Marchandise
Parmi les engagements pris solennellement, des gouvernements ont promis de débloquer plus d’argent, des organisations annonçaient des coopérations transfrontières pour la gestion de la ressource partagée. Et EDF assurait qu’elle calculerait dorénavant l’empreinte eau de sa production d’électricité, alors que le seul refroidissement de ses 58 réacteurs nucléaires en fait le premier consommateur d’eau en France.
A l’inverse de ces grandes promesses, des élèves du Lycée Marseilleveyre promettaient, eux, de servir de « chiens de garde » pour la réalisation des économies d’eau dans leur entourage.
Intitulé « le temps des solutions », le Forum officiel présentait le même éventail, du stand chinois avec le barrage géant des Trois Gorges sur le fleuve Yangtsé à des systèmes artisanaux d’adduction d’eau sans électricité ni carburant pour les villages isolées des Philippines.
Plus de 70% de la consommation d’eau va à l’agriculture, ont rappelé les participants de plusieurs ateliers thématiques en plaidant pour des modèles de production plus durable dans la perspective d’une population mondiale de 9 milliards d’habitants en 2050.
« Mais quelle est cette agriculture qui consomme autant d’eau, ce n’est pas celle qui sert à nourrir les populations locales, c’est l’agriculture industrielle », a souligné à l’AFP Jacques Cambon, ancien ingénieur de Suez qui a rejoint le groupe Aquattac, présent au Forum alternatif.
« Pour réduire la pression sur l’eau, il faut changer de modèle de développement et arrêter de la considérer comme une marchandise », a-t-il ajouté.
Face aux nombreux manquements en matière d’accès à l’eau et à l’assainissement pour les plus pauvres, le Forum alternatif a réclamé un Tribunal international pour l’eau à l’image du TPI pour les crimes contre l’humanité.
Le 7e Forum mondial de l’eau aura lieu en 2015 à Daegu en Corée du sud.
© 2012 AFP
MARSEILLE (AFP) – 16.03.2012 18:36