Le Monde – 16 décembre 2011
Un travail théorique sans précédent. » C’est ainsi que Jacques Archimbaud, un des rédacteurs du texte, qualifie le « projet 2012 » que les écologistes doivent présenterlors de leur conseil fédéral, samedi 17 décembre.
C’est en effet la première fois que les écologistes se livrent à un exercice programmatique aussi ambitieux. Etoffés sur les questions de société, traditionnellement sources d’intérêt chez les écologistes, les textes précédents accordaient une moindre attention aux problématiques économiques et sociales. Le texte présenté samedi tâche de combler les lacunes sur ces sujets. Europe Ecologie-Les Verts (EELV) achève donc en douceur sa mutation vers un parti écologiste généraliste, comme se plaît à le définir la direction du mouvement.
Pour la première fois, les écologistes se prononcent sur la notion même de politique industrielle, prônant des plans ambitieux pour l’énergie, le bâtiment, la filière du recyclage, celle du ferroviaire, du fluvial et du naval. Ils abordent également le délicat sujet de la dette, affirmant leur spécificité : oui à la réduction, car, dixit le député européen Pascal Canfin, l’économiste du parti, « la dette, qui fait porter les charges sur les générations futures, n’est pas écologique », mais assortie d’un calendrier « crédible ».
« COMME ROOSEVELT »
EELV réaffirme son attachement à la retraite à 60 ans pour tous ceux qui ont cotisé quarante et un ans. Les revenus supérieurs à 40 000 euros par mois supporteraient un taux marginal supérieur d’impôt sur le revenu de 80 %, « comme l’avait fait Roosevelt après la crise de 1929 ». Le programme d’EELV prévoit aussi un contrôle accru sur l’activité des banques, et l’obligation pour chaque établissement ouvrant dans le monde un compte à un citoyen français de ledéclarer à l’administration fiscale.
Le programme accorde beaucoup d’importance à l’enseignement. Se positionnant délibérément à rebours des interrogations sur les résultats du collège unique, EELV défend l’idée d’une « école fondamentale », avec un rapprochement école primaire-collège, « sans sélection ni orientation précoce ». Le programme prévoit aussi un rapprochement entre facultés et grandes écoles, et la disparition à terme des classes préparatoires.
DÉSARMEMENT NUCLÉAIRE
Sur l’immigration, les écologistes ont affiné leurs positions : régularisations en continu sur critères pour les étrangers sans papiers et, pour ceux qui sont régularisés, droit de vote à toutes les élections, à condition d’être en France depuis au moins cinq ans. EELV apporte également sa pierre au chapitre de la simplification des structures administratives en réclamant la suppression des conseils généraux.
En dépit des polémiques nées de la proposition, formulée dans l’accord signé en novembre avec les socialistes, de suppression du siège français au conseil de sécurité des Nations unies, au profit de deux sièges européens, les écologistes réaffirment cette idée, lancée par Daniel Cohn-Bendit en 1999.
EELV prône toujours un désarmement nucléaire unilatéral. La réduction, puis la suppression, à terme, de la force aéroportée (Mirage 2000) serait un premier pas dans cette direction.
Anne-Sophie Mercier
Le Monde
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