À l’attention de Monsieur le Préfet de la région PACA,
Monsieur le Préfet de Vaucluse,
Monsieur le Président du Grand Avignon,
Madame la Présidente du Département de Vaucluse,
Madame la Maire d’Avignon,
Nous avons pris connaissance par voie de presse ce jeudi 7 mars de la possible démolition de maisons situées en ceinture verte pour la construction de la tranche 2 de la voie LEO (Liaison Est Ouest). Cette annonce soulève de vives préoccupations au sein de nos concitoyens.
Alors même que la très grande majorité des élus locaux expriment clairement et à juste titre leur opposition à ce tracé de la LEO, nous croyons fermement qu’il est essentiel que les représentants des habitants de notre territoire soient entendus et respectés.
Au-delà du passage en force, la destruction de ces maisons, pour autant qu’elles puissent être réhabilitées, constituerait un gaspillage d’argent public si, pour finir, cette autoroute urbaine ne devait pas être réalisée compte tenu de l’opposition citoyenne et démocratique.
Face à cette situation, nous, élus écologistes, plaidons en faveur d’une solution alternative qui préserve notre environnement tout en répondant aux besoins de la communauté locale. Nous proposons ainsi une mise à disposition temporaire par l’État des terres et du bâti aux collectivités locales, afin d’accueillir des agriculteurs dans la ceinture verte en attendant une décision définitive concernant la LEO.
Nous proposons la création d’une régie agricole gérée conjointement par le Département de Vaucluse, la Communauté de Communes du Grand Avignon et la ville d’Avignon. Ce modèle vertueux permettrait d’améliorer l’approvisionnement alimentaire local au profit de la restauration scolaire des écoles et collèges du territoire, tout en créant de l’emploi. C’est aussi la meilleure façon de gérer des terres et un patrimoine immobilier qui, sans surveillance, génère inévitablement nuisances et risques.
Par la présente, nous appelons également à une mesure d’urgence provisoire pour répondre à la situation sanitaire critique des habitants de la rocade. Nous demandons instamment, au minimum, une interdiction du transit des poids lourds aux heures de pointe afin de protéger la santé publique et l’environnement.
Cette lettre ouverte nous offre l’occasion de présenter au nouveau préfet de Vaucluse notre position concernant le projet LEO et de proposer une solution alternative qui garantit la protection de notre environnement tout en répondant aux besoins de mobilité de notre région.
Chacun ici le sait, nous sommes favorables depuis très longtemps à une solution pour mettre un terme au transit des poids lourds par Avignon pour relier l’A7 à l’A9 en passant par la rocade et la route de Marseille. Nous avons été les premiers à tirer la sonnette d’alarme sur l’urgence sanitaire liée à la pollution de l’air pour les habitants de la rocade.
Pour autant, vous connaissez notre opposition au tracé actuel de la LEO. Nous refusons cette fausse solution consistant à construire une nouvelle autoroute urbaine qui traverserait Avignon à quelques centaines de mètres de la rocade en détruisant la ceinture verte d’Avignon, son économie et son écosystème. Loin de résoudre le problème, bien au contraire, le tracé envisagé graverait dans le marbre le transit des poids lourds par Avignon pour relier l’A7 à l’A9. Sans compter les énormes surcoûts depuis les premières estimations et l’aberration de cette autoroute qui rejoindrait la route de Marseille au niveau du carrefour de l’Amandier déjà saturé aux heures de pointe.
La maire d’Avignon dans sa contribution à l’enquête publique s’est rapprochée de la position des écologistes et n’est pas favorable à la continuation de ce projet écocide sur la commune d’Avignon. Nous nous félicitons pour ce rapprochement compte tenu de l’impact majeur portant une grave atteinte à la biodiversité de la ceinture verte d’Avignon. De plus, dans le contexte du réchauffement climatique, ce projet, qui date du siècle dernier, est un non-sens historique reconnu par de nombreux acteurs politiques, économiques ainsi que par la population de notre territoire. De plus, la décision par l’état, la région et le département de Vaucluse de construire une bretelle de raccordement de l’A7 à l’A9 au sud d’Orange rend totalement obsolète et superflue la construction de cette traversée d’Avignon.
Nous nous félicitons également de la récente démarche conjointe du Président du GA et de la maire d’Avignon auprès du premier ministre pour demander la réalisation du petit tronçon permettant de prolonger la première phase de la LEO en contournant Rognonas et reliant cette première phase au réseau routier existant du nord des Bouches-du-Rhône. Depuis 2015, nous ne cessons de porter cette position que partage désormais la grande majorité des élus locaux.
La proposition alternative des écologistes au tracé actuel de la LEO consiste en trois points :
- Pour le transit local, relier la tranche 1 de la LEO au réseau routier du nord des Bouches-du-Rhône par la réalisation du barreau de contournement de Rognonas avec un réaménagement du réseau routier existant.
- Pour le grand transit, relier l’A7 à l’A9 par une liaison au sud d’Orange.
- Rendre gratuit le tronçon Avignon Nord/Avignon-Sud.
Les deux premiers points, même s’il reste quelques réticences, font l’objet d’un large consensus et ont été approuvés par l’état, la région et le département de Vaucluse. Cette position a récemment été rejointe par certains maires du Nord des Bouches-du-Rhône. Il nous semble important maintenant d’accélérer la réalisation de ces deux projets au regard de la situation d’urgence environnementale et sanitaire subie depuis bien trop longtemps par les habitants de la rocade.
En conclusion, nous exhortons les autorités compétentes à prendre en compte nos préoccupations et à agir en faveur d’une solution qui préserve notre environnement et améliore la qualité de vie de nos concitoyens.
Veuillez agréer, Mesdames et Messieurs, l’expression de nos salutations distinguées.
Samir Allel : Conseiller Départemental de Vaucluse,
Mouloud Rezouali et Jean-Pierre Cervantes : Conseillers municipaux et communautaires d’Avignon.