LIGNE À GRANDE VITESSE (LGV) OU TRAIN ) GRANDE SÉCURITÉ (TGS) ? Retour sur le débat public du 3 novembre 2011 à Mouans-Sartoux.
Les conséquences d’une négligence historique
Prenez le réseau Sud-Est, longtemps négligé par la SNCF, ajoutez l’urbanisation intense de la Côte d’Azur, quelques goulets d’étranglement stratégiques (à Cannes par exemple), et vous aboutissez à un réseau ferré saturé, bien insuffisant pour 4 millions d’habitants du littoral. Et pour ses 100.00 usagers quotidiens, c’est le calvaire des trajets, des TER bondés à la ponctualité douteuse. Greffez là-dessus un projet de Ligne à Grande Vitesse aussi coûteux que controversé, et mettez-vous à la table de discussion avec vos questions et propositions.
« Mais comment on peut ajouter un quai en gare de Cannes ? il y a la rue, les maisons, il n’y a pas de place ! »
« Et si on posait la question de la SNCF ? du service public ? »
« Moi je suis Italienne, j’habite ici depuis 20 ans. Pour aller en Italie, c’est devenu un parcours du combattant. La ligne Nice-Turin est sinistrée ! »
« Il faut créer le lien entre les délégations transports et l’aménagement du territoire » …
Agir et créer des liens
EELV PACA a voulu ces rencontres sur la politique régionale des transports dans les trois départements concernés par la LGV (Alpes-Maritimes ; Var ; Bouches-du-Rhône). L’objectif ? faire circuler l’information entre associations, usagers et élus autour de la LGV, du maillage local TER et des alternatives ferroviaires au transit routier du fret, en bref ce que devrait être un véritable Train à Grand Service.
En introduction, Jean-Yves Petit a résumé les actions menées depuis 18 mois par la délégation transports au CR, entre autres le plan de redressement de la qualité des TER et la politique tarifaire incitative. Pour ce qui est des concertations LGV avec Réseau Ferré de France (RFF), c’est la priorité aux dessertes régionales qu’il a fallu ramener sans cesse en tête des objectifs. Là où les budgets sont inter-dépendants, cela pourra aboutir à des difficultés voire des reports inacceptables.
Quel calendrier ? quels moyens ?
L’urgence sur laquelle associations et nombre de collectivités territoriales s’accordent est cette amélioration la plus rapide possible de l’infrastructure, car pour atteindre la ponctualité souhaitée, il faudrait faire circuler des trains supplémentaires alors qu’il n’y a pas de place sur les voies existantes. D’où la fameuse troisième voie qui doit passer de Mandelieu à Menton. Une étude ( dite de « criticité ») est d’ailleurs en cours, pour déterminer les options face aux défaillances constatées.
Mais le temps du rail est (encore plus) long qu’un trajet en TER : entre le projet et l’ouverture de la ligne, il peut s’écouler 10 ans ! Il est d’autant plus crucial d’intégrer la réflexion sur la desserte locale pour programmer ces rénovations dès le prochain plan Etat-région de 2014, pour autant que le principe en soit maintenu, et bien en amont du planning LGV 2023.
Les territoires : les Alpes-Maritimes … la Ligurie et les autres
Parmi la bonne soixantaine de personnes présentes, élus et usagers bien représentés, certains sont des habitués qui connaissent le dossier du rail à fond, dont Jacques Molinari qui souligne l’importance de l’interconnexion avec les Chemins de fer de Provence. Il met aussi en avant l’importance de la coordination avec les services d’aménagement du territoire dont devrait relever toute proposition de réseau ferré. Joëlle Faguer, conseillère régionale, rappelle qu’il existe un schéma régional d’aménagement du territoire, mais qu’il n’est pas prescriptif vis-à-vis des collectivités territoriales infra-régionales. Le flou induit par la réforme en cours des collectivités territoriales et l’éclatement des responsabilités implique des dizaines d’intervenants pour monter un projet. Sans compter le manque actuel de financement propre au niveau régional.
Outre les montages financiers, quand il s’agit par exemple de transformer une gare pour ajouter une voie, comme à Cannes, dans un tissu urbain resserré, il faut résoudre les questions techniques. Dans ce cas, c’est moins compliqué qu’il ne semble à première vue, car il suffit de quatre mètres de largeur, et on les trouvera bien côté nord. Une voie de chemin de fer prend moins de place qu’une route.
En matière d’aménagement des territoires, la liaison avec les régions voisines doit être également calculée. Jean-Yves Petit rencontre régulièrement nos voisins de Ligurie sur les questions de liaisons interrégionales, mais aussi du transit du fret, car les 18.000 camions quotidiens qui transitent par Vintimille on un impact écologique insupportable (taux de particules). Une plate-forme logistique de dégroupage fonctionne déjà pour limiter l’accès des camions à Monaco. Ce pourrait être une solution à plus grande échelle.
Et le service public dans tout ça ?
« Mais il faudrait reposer la question de la SNCF quand même ! » Une intervenante remet la question du service public énergiquement dans le débat : il n’est pas possible d’avoir des structures éclatées qui se renvoient les responsabilités et ne font rien. Il faut une seule entité qui ait la responsabilité de l’aménagement du territoire. Jean-Yves Petit confirme que le modèle actuel est en bout de course et qu’il faut évoluer vers un pilote unique, ce qui est au cœur des assises du ferroviaire qui se tiennent depuis le 15 septembre.***
Un groupe de concertation maintiendra le lien avec la délégation transports du conseil régional. Rejoignez-le en contactant : jcalberigo (a) regionpaca.fr
Rendez-vous le 16 novembre à Aubagne et le 30 novembre à Brignoles pour la suite des rencontres territoriales sur la politique régionale des transports.
Caroline Carrat,
Secrétaire régionale Adjointe
Vous pouvez réagir à cet article en laissant un commentaire.
2 réflexions au sujet de “LGV, Retour à la ligne”
Les commentaires sont fermés.
Il faut trouver un autre moyen de désengorgement de cette saturation du réseau ferré. La LGV n’est pas la bonne réponse au quotidien des voyageurs. des spécialistes hors RFF doivent étudier la situation, car c’est leur métier. Nous sommes désolés de ce constat. La SNCF n’a pas assuré sa mission. C’est de sa faute. NON A LA LGV
Jean-Pierre SALVADOR (0611343198)
Dans le Var avant de demander une ligne nouvelle nous faisons simplement le constat de l’abandon du réseau et des gares au profit de la simple ligne Marseille Toulon Nice. Les rollers ont remplacé les trains sur de trés nombreuses emprises alors que le réseau routier ce développe sans cesse . Les cyclistes en sont trés heureux mais doit on sacrifier les terres fertiles , bétonner à tout va, nous endéter considérablement pour remédier à une simple carrence de maintenace et de promotion du réseau existant par RFF? La région doit elle cautionner la politique des grands investissements de Sarko au détriment des transports de proximité?