Loup ou pastoralisme ? dépasser les antagonismes
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Soutenant les associations de défense du monde animal qui ont manifesté le dimanche 20 août, devant le Palais de Justice de Nice, Europe-Ecologie-Les- Verts 06 (EELV06) s’indigne de l’exécution de 3 louveteaux, âgés de 4 mois à Cipières.

Les écologistes s’insurgent devant le massacre délibéré – et ordonné par l’Etat – de louveteaux trop jeunes pour chasser; ils rappellent qu’il s’agit d’une espèce totalement protégée en Europe par la convention de Berne et la directive Habitat 1992. Il ne nous appartient pas, en tant qu’espèce, d’éradiquer une autre espèce; et le fait que cette espèce nous pose problème ne saurait en aucun cas justifier une élimination.

Le massacre de brebis et d’agneaux sont à la fois un choc moral et une dure perte financière pour les bergers-éleveurs du département et nous affirmons notre totale solidarité avec la filière ovine traditionnelle et éco-responsable, dans sa détresse face aux attaques.

Le pastoralisme est présent dans l’arc méditerranéen depuis des siècles, aussi bien dans les espaces montagnards alpins que dans les plaines et collines méditerranéennes. Il doit se perpétuer et se développer durablement dans des conditions acceptables tant par les bergers et leurs troupeaux que pour leur environnement naturel.

Le loup ne s’en prend qu’au bétail plus facile à capturer que ses proies naturelles (chevreuils, cerfs, chamois, isards, sangliers…). Il ne s’attaque à des ovins que lorsque qu’il a identifié une faille de leur défense, c’est-à-dire que le troupeau n’est pas correctement gardé.

La quasi-totalité des difficultés de cohabitation avec le loup est issue des très grands troupeaux mal gardés : 2 à 3000 têtes sont désormais nécessaires pour garantir la productivité économique de la filière ovine. Ces troupeaux démesurés entraînent une dégradation écologique de nos pelouses alpines, et particulièrement les prairies alpines d’altitude, au cœur des parcs, comme le parc du Mercantour. La politique agricole doit permettre un retour de troupeaux plus modestes et cohérents avec leur environnement.

La population lupine, partie intégrante de la biodiversité ! EELV06 demande que le loup demeure une espèce protégée. La population actuelle, d’environ 300 têtes en France métropolitaine, ne survivra pas à un déclassement.

Protéger les loups, c’est protéger le patrimoine naturel de tous les Français !

EELV06 souhaitent que les ministres de l’Environnement et de l’Agriculture (Stéphane TRAVERT et Nicolas HULOT) actent le principe d’une coexistence nécessaire et durable entre l’activité pastorale et le loup dans son milieu naturel.

EELV06 propose que la filière ovine éco-responsable dispose d’un soutien pérennisé, notamment par l’aide à l’emploi d’aides-bergers professionnels afin d’assurer une meilleure protection des troupeaux et une meilleure qualité de vie aux bergers.

Les ‘tirs de prélèvement’ n’ont pas diminué les attaques sur les troupeaux, car ils contribuent, au contraire, à multiplier les attaques en désorganisant les meutes. EELV06 demande donc un moratoire sur les tirs, qui ne conviennent pas non plus à Nicolas Hulot.

Pour EELV06, il est indispensable d’instaurer un dialogue entre TOUTES les parties prenantes en organisant rapidement une convention sur le loup, promise par Nicolas HULOT.

Laurent LANQUAR-CASTIEL
llanquar@free.fr
0.678.518.522

Mari-Luz HERNANDEZ-NICAISE
mariluz@free.fr
06.08.63.82.76

Porte-paroles départementaux EELV Alpes-maritimes
TELECHARGER le Communiqué du 22 août 2017

2 réflexions au sujet de “Loup ou pastoralisme ? dépasser les antagonismes

  1. Bonjour,
    je vous écris du Larzac, où les loups sont présents depuis 4 ans.Je suis femme d’éleveur brebis-bio, élevage de 360 brebis production viande (il n’y a pas d’énormes troupeaux sur le Larzac). Par ailleurs, je suis médecin-généraliste, militante santé (syndicat de la médecine générale) depuis tout temps, aux côtés de tous les combats progressistes, altermondialistes, anti-OGM etc…
    Je n’ai jamais lu ou entendu des éleveurs demander l’éradication des loups, mais d’être protégés. La protection des loups par la Convention de Berne représente le problème de fond, qui se pose aux éleveurs français, allemands, italiens, et à leurs Etats . L’Espagne, qui n’a pas signé, régule par des tirs sur la barrière des Pyrénées, ce qui protège relativement les zones françaises frontalières. L’Italie n’accordant pas d’indemnisation, les éleveurs tirent aussi, mais sans en faire publiquement part, et emploient des bergers migrants des pays de l’Est dans des conditions précaires. Malgré cela l’Etat italien s’apprete lui aussi à fixer un quota de prélèvement , qui signifie que la situation n’est pas sous contrôle…Les éleveurs allemands commencent à s’organiser face au même problème. La convention de Berne nous a collectivement conduits à une expansion territoriale et numérique des loups non anticipée, non évaluée, et sous-estimée.
    Question: que font les parcs à loups des louveteaux à la naissance, pour éviter la surpopulation? La réponse échanges-dons est évidemment insuffisante, rien que du point de vue du comptage.
    L’ONCFS annonce 360 loups, alors que TOUS les éleveurs estiment la population proche de 1000. Par contre, partant de son estimation, il estime nécessaire de monter à 2500-5000 loups. Autant vous dire que cet avenir, c’est notre disparition. (rapport officiel avril-mai 2017).
    Sur le Larzac, depuis le 01/01/17, nous avons eu 55 attaques, 105 brebis tuées, sans compter les blessées et les dégats collatéraux, et ceci sur 4 à 5 communes limitrophes où troupeaux et habitats sont intriqués (regardez une carte). Je lis votre plein soutien aux éleveurs, mais je voudrais bien que vous veniez sur notre région pour analyser et comprendre la situation et le vécu concrets.
    Les textes qui nous désolent sont tous articulés sur les mêmes arguments. Reprenons les.
    « LES TIRS DE PRELEVEMENT ONT AUGMENTE LE NOMBRE DES ATTAQUES » :
    nous pensons que les tirs de prélèvement ne sont pas une solution, car ils ne répondent pas aux situations concrètes. Par contre, il faut savoir que les meutes « éclatent » spontanément tous les ans, les juvéniles au delà de 2 ans allant « vivre ailleurs ». La prolificité des loups est impressionnante (entre 20 et 25%), et la population croit fortement. Nous attribuons l’augmentation des attaques à l’augmentation des loups. C’est indubitable sur le Larzac où les attaques ont été multipliées au moins par 10 en 3 ans sans aucun loup tué.
    « LES TROUPEAUX ATTAQUES SONT CEUX QUI NE SONT PAS « CORRECTEMENT » PROTEGES »:
    Plus de 80% des troupeaux attaqués étaient « protégés » suivant les normes.
    Les éleveurs vivent très mal qu’on leur donne des leçons, eux qui connaissent leur travail (donnerait-on le même type de leçon à nos enseignants?). C’est l’Etat qui a décrété des mesures de « protection » nécessaires à l’indemnisation. Les clôtures ont prouvé leur inefficacité (les loups trouvent des passages). Elles transformeraient le Larzac en Fort-Chabrol, alors que c’est un espace PUBLIC, pour tous les usagers, professionnels, touristiques, sportifs, de loisirs familiaux etc. Les chiens type « patou » ont eux aussi montré leur limite, et leur nombre entraine des accidents sur les randonneurs. Pour une ferme comme la nôtre, il faudrait 15 patous…Quant à l’AIDE – bergers, qui paye l’autre partie du salaire? Et puis les loups s’adaptent à tout, attaquant de jour, approchant des maisons (50 mètres chez nous), entrant dans les bergeries-stabulations.(janvier 2017 chez nous). D’ailleurs, nous avons largement dépassé les 15 attaques, et avons perdu 8% du troupeau depuis Novembre 2016.
    « ATTAQUER LE LOUP C’EST DETRUIRE LA BIODIVERSITE » :
    Les loups sont des prédateurs sans prédateurs.Nous constatons que leur présence bouscule l’équilibre de la faune et à terme de la flore et de la végétation. Que deviendront les espaces trop risqués pour les troupeaux, sans la pâture? Et les vautours qui annulent les constats (carcasses consommées) sont dorénavant mal tolérés, alors que nous sommes de ceux qui avons aidé ,avec la LPO ,à leur réintroduction…
    « IL FAUT SAUVER GENETIQUEMENT LES LOUPS PAR LEUR REPRODUCTION-EXPANSION »:
    Nous nous sommes posés cette question, de l’identité génétique des attaquants de nos troupeaux. D’abord parce que l’ONCFS a refusé de reconnaitre la responsabilité pendant 2 années d’attaques (« chiens errants », et a refusé les prélèvements que l’on réclamait. ALORS ON LES A FAITS NOUS MEMES. C’est comme cela que je suis devenue « préleveuse génétique » à chaque attaque du Larzac, sur les brebis mortes ou blessées depuis 3 mois. Envoi des prélèvements à un laboratoire allemand certifié ( le même que celui des éleveurs allemands…solidarité trans-frontalière..).
    SURPRISE: les résultats montrent des HYBRIDES, ce que les autorités françaises(ONCFS en tête s’étaient bien abstenues de nous dire!!!)
    D’où viennent-ils ? comment cette hybridation s’est-elle produite? où? qui était au courant?
    Et la Convention de Berne ne concerne pas les HYBRIDES. Par contre, quelle est l’influence de cette hybridation sur le comportement de ces animaux qui approchent l’homme de si près, sans crainte apparente? sur leur prolificité? (les chiens peuvent avoir plusieurs portées par an).
    Ce scandale est énorme, et nous le portons actuellement sur la place publique. La zone du Larzac est directement concernée, car nous nous sommes collectivement organisés, et les attaques de cet été ont été incessantes (2 à 3 par semaine dans certaines périodes… on a passé un chouette été).

    En conclusion, la question des loups est clivante. Nous le savons. Mais nous voulons faire entendre notre réalité, notre vécu, car les positions de principe ne nous aident pas.
    J’espère que vous pourrez faire passer mon témoignage

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