Michèle Rivasi : « Il est urgent de retrouver une évaluation scientifique indépendante, transparente et crédible ».
Le vote sur le renouvellement de l’autorisation de commercialisation du glyphosate ce jour pour 5 ans est un échec retentissant.
Je me bats depuis des mois pour faire acter un scénario de sortie de ce Léviathan des pesticides le plus rapidement possible. Notre groupe des écologistes a été actif pour aboutir au Parlement européen à un compromis sur un scénario de sortie même si le délai de 5 ans nous paraissait trop long. Une véritable sortie et non un renouvellement car alors le problème se reposera de la même façon dans 5 ans.
Rappelons que le glyphosate, le pesticide le plus utilisé au monde présent dans le Round-up de Monsanto , est classé cancérogène par le CIRC (agence de l’OMS) mais pas par l’EFSA (agence européenne de sécurité des aliments).
Il faut rappeler aussi la récente enquête de l’ONG Générations futures qui a montré la présence de résidus de glyphosate dans un grand nombre d’aliments comme, précédemment, dans les urines de personnalités.
Par ailleurs, aux accusations de collusion et de connivence révélées depuis un an notamment grâce aux Monsanto Papers s’ajoute une autre manipulation : selon le biochimiste autrichien Helmut Burtscher , des passages cruciaux du rapport de réévaluation de l’herbicide ont été tout simplement copiés-collés de documents rédigés par la Glyphosate Task Force, la plate-forme réunissant autour de Monsanto les sociétés commercialisant en Europe des pesticides à base de glyphosate.
Les députés européens écologistes ont d’ailleurs saisi la Cour de justice de l’Union européenne en juin pour accéder aux études sur lesquelles l’Efsa a basé son avis pour juger que l’herbicide controversé glyphosate ne présenterait pas de risque cancérogène.
Plus globalement, cette scandaleuse saga du glyphosate démontre la faillite de l’évaluation au niveau des agences européennes. Nous avons demande une commission d’enquête au niveau du Parlement européen sur la procédure de réautorisation du glyphosate après que j’aie fait venir les grands témoins des Monsanto Papers. Notre ambition est de revoir l’expertise scientifique au niveau des agences sanitaires en exigeant des méthodes d’expertise bien définies, la crédibilité des données prises en compte, le libre accès aux résultats des études industrielles (trop souvent et abusivement protégées par le sceau du secret des affaires) et l’indépendance des experts recrutés (en purgeant tout ceux ayant des conflits d’intérêts).
Enfin, n’oublions pas que cette affaire du glyphosate ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt des produits et autres adjuvants toxiques à usage agicoles (voire alimentaires). Un autre modèle agricole plus soutenable doit être promu par l’Union européenne.
Cette décision, aujourd’hui, ne va pas dans le sens d’une Europe qui protège et qui anticipe la grande transition nécessaire pour notre santé et l’avenir des générations futures.
Michèle RIVASI (députée européenne écologiste, biologiste agrégée, co-auteure du livre Le Racket des laboratoires pharmaceutiques et comment en sortir)
Communiqué de presse
Lundi 27 novembre 2017
Contact presse : Sébastien Barles 06 75 00 63 31
Une réflexion au sujet de “[M. Rivasi : Glyphosate] : la science et les pouvoirs publics sous influence”
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Pourvu qu’on y arrive un jour à ce que propose madame Rivasi dans cet article!
merci aux écologistes pour leur travail … dommage pour cette fois (quel fiasco ce ministre allemand)
il faut continuer