LA CRIIRAD A DÉPOSÉ PLAINTE AUPRÈS DU PROCUREUR DE LA RÉPUBLIQUE. Vous vous souvenez certainement de l’explosion survenue, le 12 septembre dernier, sur le four de fusion des déchets radioactifs métalliques de la CENTRACO, une installation nucléaire implantée sur le site de Marcoule, dans le Gard, et exploitée par la SOCODEI, une filiale à 100% d’EDF. L’explosion a coûté la vie à l’un des opérateurs ; un autre a été très grièvement brûlé.
Le jour même de l’accident, les déclarations officielles se voulaient très rassurantes : aucun rejet radioactif dans l’environnement selon l’exploitant ; absence de contamination environnementale selon l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN). Ce dernier était d’ailleurs catégorique : même en imaginant le rejet de TOUTE la radioactivité présente dans le four, les conséquences radiologiques seraient restées extrêmement faibles.
Problème : les diverses déclarations n’étaient étayées sur aucune démonstration scientifique et la CRIIRAD découvrait très vite des contradictions dans les rares chiffres qui échappaient à la censure. Le Procureur de la République avaient notamment indiqué à des journalistes qu’un débit de dose de 8,5 µSv/h avait été mesuré sur le corps de la victime (soit 50 à 100 fois le niveau normal). Ce rayonnement était émis par les projections de déchets métalliques. Or, si ces déchets sont aussi peu radioactifs que l’affirment l’exploitant et l’IRSN, il est impossible qu’ils puissent émettre un rayonnement aussi élevé.
Confrontée à la désinformation et au secret, la CRIIRAD a saisi successivement les ministères, l’Autorité de sûreté nucléaire et le Procureur de la République (voir les courriers des 23 et 29 septembre 2011).
Le 14 octobre dernier, le Conseil d’Administration de la CRIIRAD décidait de déposer plainte contre l’exploitant. L’objectif est double : pouvoir accéder à l’ensemble du dossier et faire sanctionner des dysfonctionnements déjà identifiés : incapacité à évaluer correctement la radioactivité des déchets (et donc les risques), défaut de protection des travailleurs (que ce soit vis-à-vis du risque radiologique ou du risque d’explosion), retard dans la mise en œuvre du confinement (plus d’1 h 40 de décalage entre l’explosion et la fermeture des fenêtres sur le site de Marcoule), non-respect des obligations d’information du public (1 mois et demi après l’accident, aucun des résultats qui pourraient démontrer l’absence de rejet n’a été publié et on est en droit de se demander ce que cela peut bien cacher).
La plainte vise la SOCODEI et toute personne physique ou morale dont l’instruction établirait la responsabilité. Elle a été adressée à Monsieur Robert GETTI, Procureur de la République près le Tribunal de
Grande Instance de Nîmes.
L’équipe de la CRIIRAD
La plainte est consultable sur le site de la Criirad :
http://www.criirad.org/