– Communiqué à la presse –
Groupe écologiste et citoyen
Marseille
Pour que notre jeunesse cesse de s’entretuer
dans les cités de Marseille,
mettons fin à la prohibition,
expérimentons la légalisation encadrée du cannabis
En deux semaines, six jeunes sont morts à Marseille, victimes directes ou collatérales, de règlements de compte entre bandes rivales, liés au trafic de cannabis. Des familles pleurent chaque jour leurs victimes et vivent dans l’angoisse que demain se soit leur fils ou leur fille qui tombe sous les balles des trafiquants.
Il faut répondre à cette tragique situation, non pas par une politique de militarisation de la prohibition qui mène à une impasse, mais par une autre politique de solidarité urbaine et de lutte contre les discriminations, la drogue et les trafics. Les quartiers populaires de Marseille (notamment ceux situés au Nord de la ville) sont victimes d’une situation de quasi apartheid résultante de plusieurs décennies d’abandon par les autorités locales, de promesses non tenues, de détournement d’argent public à des fins clientélistes, d’une politique de ségrégation sociale, de ghettoïsation et d’enclavement. Le taux de chômage dans la jeunesse notamment y est galopant, celle-ci préférant le marché de la débrouille pour survivre qui produit aujourd’hui les dérives de violence que l’on connaît avec des dizaines de victimes par an.
Nous n’ignorons pas ce qu’il convient de faire avec l’Etat, les collectivités locales et les acteurs sociaux : agir pour remettre des services publics dans ces quartiers abandonnés, compenser les inégalités et les discriminations subies, mettre en place des espaces de dialogue pour créer de l’activité durable dans les cités en évitant l’effet stigmatisant du zonage territorial, soutenir la vie associative et les initiatives citoyennes.
Les écologistes l’affirment depuis des années : lançons un vrai débat public sur la prohibition du cannabis et les dégâts qu’elle génère : logique de cartel, balkanisation, règlements de compte pour le contrôle du territoire…
Demandons l’expérimentation à Marseille d’une légalisation du cannabis sous l’égide de l’Etat réunissant experts, monde médical et judiciaire, éducateurs, acteurs associatifs et institutionnels des quartiers.
Cette option doit être envisagée comme piste pragmatique pour lutter contre les trafics mafieux de stupéfiants et ramener le calme dans certaines cités gangrenées par ce trafic et les règlements de compte qu’il entraîne.
La légalisation du cannabis permettrait de faire baisser le trafic et d’empêcher la lutte armée entre les trafiquants, mais surtout de mener une politique de santé publique fondée sur la prévention et l’accompagnement des usagers dépendants. La guerre policière contre le marché du cannabis est perdue d’avance. Il y a en France un million de consommateurs au quotidien, cinq millions réguliers sans compter les occasionnels qui touche un adulte sur trois. Chaque année, 600 millions d’euros sont jetés dans un grand tonneau des Danaïdes dans le volet répressif du cannabis. La France est le pays européen qui a le plus durci sa législation mais qui a vu aussi exploser le nombre de consommateurs.
Les moyens policiers et les CRS mobilisés chaque jour pour tenter d’intercepter des trafiquants seraient plus utiles pour de l’îlotage et des fonctions de police de proximité du quotidien.
De plus, la légalisation générerait entre 1,3 et 2,1 milliards d’euros de recettes fiscales annuelles selon Terra Nova. Ce scénario permettrait en outre de créer 13 000 emplois pour le simple commerce auxquels il faudra ajouter les emplois dans la production locale.
Le cannabis doit être traité comme les autres drogues légales que sont le tabac et l’alcool. La création d’un marché régulé du cannabis est maintenant défendue par de hauts responsables internationaux comme Kofi Annan (ex-secrétaire général de l’ONU) et de nombreux États ont initié des politiques d’expérimentation. Les expériences récentes de légalisation se multiplient dans le monde depuis 2013 et la légalisation en Uruguay. Quatre États fédérés américains (Oregon, Colorado, Etat de Washington et Alaska) l’expérimentent et les retours d’expérience sont convaincants et sources de bénéfices pour les finances publiques et les systèmes de santé publique.
Il convient de suivre cette voie en expérimentant la légalisation et en en tirant le bilan au bout de 3 ans.
Un récent rapport parlementaire rendu en juin, lié à une mission de l’Assemblée nationale, plaide pour une remise en question de la politique de prohibition jugée « impuissante » et préconise « un grand débat national à ce sujet ».
Aussi une consultation citoyenne réalisée auprès de 230 000 personnes montre que 80 % des citoyens plaident pour une légalisation. L’opinion est prête à assumer une nouvelle politique en matière de drogues fondée sur la prévention et la régulation.
Nous exigeons des autorités publiques d’être à la hauteur des enjeux et de la responsabilité qui est la nôtre. La prohibition tue ! A Marseille comme ailleurs. Agissons !
Groupe écologiste et citoyen au conseil municipal de Marseille :
Sébastien Barles, Théo Challande-Névoret, Nouriati Djambae, Hervé Menchon, Fabien Perez, Aïcha Sif
Contact presse :
Nathalie MORAND,
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