Pourquoi l’école de la République va mal ?
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Longtemps sanctuarisés, les établissements scolaires se sont ouverts, à la fin du 20ième siècle. Les nostalgiques de la 3ème République voient dans cette ouverture tous les maux de l’école d’aujourd’hui et n’imaginent comme remèdes que le retour aux recettes d’hier : davantage d’autorité arbitraire et d’apprentissages sans lien avec le vécu, port de l’uniforme pour mieux distinguer l’élève de l’enfant…

Pour nous, écologistes, qui prônons une vision sans frontière de l’environnement, qui avons une vision systémique du développement, ces recettes qui renferment l’école sur elle-même ne répondent ni aux problèmes qui se posent réellement, ni aux enjeux du 21ème siècle.

Alors, oui, l’école est de plus en plus poreuse au reste de la société et, par là-même, elle est touchée de plein fouet par la dégradation de la cellule familiale, par la pauvreté culturelle des contenus télévisuels, par la banalisation de la violence, par le refus de toute forme de frustration notamment liée à l’omniprésence des sollicitations consuméristes et par la crise sociale qui rend le futur incertain…

Malheureusement, ces 10 dernières années, face au constat de la crise scolaire, l’État a avancé des causes internes et répondu par la culpabilisation des enseignants (trop absents, trop nombreux, peu consciencieux…), par la suppression des dispositifs d’aide aux élèves en difficulté (RASED), par la réduction de 60 000 postes d’enseignants, par des injonctions pédagogiques donnant la priorité aux évaluations quantitatives, aux apprentissages systématiques et imposant des contraintes administratives supplémentaires, empêchant bien souvent les initiatives pédagogiques nouvelles…

Loi de Murphy oblige « Si une chose peut mal tourner, elle va infailliblement mal tourner » : beaucoup d’enseignants ont perdu le sens de leur mission, ont perdu leur motivation, se sont réfugiés dans l’exécution automatique d’algorithmes d’apprentissages pré-pensés et fréquemment hors-sols.

Pourtant tout était là, pour réussir la transition: le constat partagé des difficultés du système scolaire, le renouvellement possible des enseignants (50% d’entre-eux sont partis à la retraite en 10 ans), la rénovation nécessaire de la formation; mais le dogme capitaliste l’a emporté et la « gestion de la crise » à la sauce UMP a laissé de côté toute ambition pour l’école de la République.

Alors la transition scolaire est-elle encore possible ?

Oui, certainement, elle passe par la réparation des dégradations précédentes, mais aussi et surtout par l’affirmation d’une autre ambition pour les enfants de la nation et pour l’école de la République dont l’autonomie pédagogique des établissements doit être affirmée. Ce qui suppose également de mieux protéger les élèves du climat dégradé dans lequel ils vivent actuellement en renforçant la culture de proximité, en interdisant la publicité ciblée vers les enfants, en améliorant l’offre télévisuelle, enfin et surtout, en développant une politique sociale à la hauteur des besoins en terme de logement, d’emploi, de pouvoir d’achat des populations les plus fragilisées.

Denis GRANDJEAN
Secrétaire régional d’EELV Paca,
directeur d’école