1 Quelle transition énergétique pour la France ?

La transition énergétique était au programme du candidat François Hollande. Suite à la Conférence Environnementale elle doit faire l’objet d’un débat puis d’une loi en 2013. Les principaux engagements présidentiels sont la réhabilitation des logements pour leur isolation, la fermeture de Fessenheim avant 2017 et la diminution de la part d’électricité nucléaire de 75 % à 50 % en l’an 2025.

Parmi les nombreux scénarii de transition énergétique pour la France comparons deux scénarii qui focalisent l’attention celui de négaWatt®  réédité en 2011 et celui du Réseau Action Climat France (RAC-F) publié en avril 2012 qui intègre les préoccupations présidentielles.

2 Scénarii de Transition Energétique

Le scénario négaWatt est repris au programme d’EELV et par 25 % des socialistes qui ont voté les motions 3 et 4 au dernier congrès de Toulouse fin octobre 2012.  http://www.parti-socialiste.fr/congres/motions

La majorité du Parti Socialiste réunie au Congrès de Toulouse  autour de la motion 1 (68% des mandats) défend  les engagements présidentiels : « Ainsi, nous plaidons pour la diversification et la performance énergétiques, les circuits locaux pour l’agriculture et la pêche avec des clauses de proximité dans les marchés publics, le déploiement des transports collectifs décarbonés, une production industrielle et une construction de logements économes en énergie, la réduction de 75 % à 50 % de la part du nucléaire dans le mix énergétique à l’horizon 2025. » et ajoute (page 13) :  « Ce ne sont pas des charges ou des investissements à perte. Economiser l’énergie, réduire les émissions polluantes, investir dans les énergies renouvelables et les technologies propres, retraiter les déchets, mieux s’alimenter, sont des actions qui créent des emplois et peuvent être rentables mais qui améliorent grandement la santé et la qualité de la vie. Il faut utiliser, à la fois, la réglementation et l’incitation pour réconcilier la politique industrielle et les objectifs écologiques. »

Le scénario de l’association RAC-F, Réseau Action Climat-France qui milite pour la réduction des gaz à effet de serre, publié en avril 2012, intègre les objectifs du programme du PS.  Ce scénario selon leurs auteurs est « basé uniquement sur des mesures qui étaient jugées acceptables par des parties prenantes des différents secteurs (transport, bâtiment, électricité) ».  Ce scénario parvient à une réduction de 69% des émissions de CO2 en 2050 soit un facteur 3.

La comparaison des scénarii à long terme (2050) négaWatt® et RAC-F montrent  leurs différences :

Le scénario RAC-F parvient à un facteur 4 de réduction des GES avec des mesures additionnelles parmi lesquelles la rénovation de tous les logements existants par l’isolation et une « taxe climat-énergie » pour obliger à moins consommer.
http://www.rac-f.org/IMG/pdf/scenario_acceptable_france_2012.pdf

Les deux scénarii respectent la règle européenne des trois vingt qui prévoit pour 2020 :

• Une réduction des consommations d’énergie de 20 % par rapport à ce qu’elles auraient dû être en 2020
• Une part des énergies finales renouvelables de 20 % (23 % en France), objectif contractuel
• Une réduction de 20 % des GES par rapport à 1990 qui dans le scénario RAC-F est de 31 % en 2020 et de de 68 % en 2050 (facteur 3)

Des pays comme d’une part le Danemark avec un programme de 100 % d’énergies renouvelables en 2050
: http://www.lyc-armand-mulhouse.ac-strasbourg.fr/IMG/pdf/PolitiqueEnergtique_Danemark_ENR100-5.pdf

et d’autre part l’Allemagne sont assurés de satisfaire ces objectifs en 2020.
L’Allemagne prévoit :

• Une réduction des consommations d’énergie par rapport à 2008 de 20 % en 2020 et de 50 % en 2050 comme le préconise négaWatt® (Source : Global Chance)
• Une part des énergies primaires renouvelables de 35 % en 2020 (18 % en 2009) et  de 60 % en 2050
• Une réduction de 20 % des GES par rapport à 1990, de 40 % en 2020 et de 80 % en 2050 (facteur 4).

3 Scénario de Transition Energétique en Région PACA

L’association ACTEnergieS a élaboré un scénario de Transition Energétique en Région PACA (TERP) publié sur le site EELV régional. Ce scénario se distingue d’un scénario national en ce que la région :

• est plus industrialisée en raison de l’activité portuaire de Marseille
• est très urbanisée avec les 4/5 de sa population sur le littoral méditerranéen
• ne satisfait qu’à 45 % ses besoins alimentaires et manque de terres cultivables
• ne peut exploiter ses ressources géothermiques de profondeur car, selon le BRGM, il faudrait utiliser des techniques de fracturation hydraulique (!).

Les conclusions de ce scénario TERP contrastent quelque peu avec celles des scénarii nationaux :

1. La diminution des consommations d’énergie de moitié est primordiale en particulier grâce à l’isolation et aux réductions de consommation d’énergie dans les transports
2. Les besoins de chaleur sont satisfaits à 70 % par le solaire thermique et la géothermie avec un appoint thermique assuré par de la biomasse, des pompes à chaleur et même de l’électricité dans des bâtiments où les travaux de rénovation seraient trop onéreux
3.  La production d’électricité éolienne et photovoltaïque est largement excédentaire pour être échangée contre des carburants ou servir à produire de l’hydrogène par électrolyse puis conversion en carburants
4. Le déficit de biomasse terrestre en raison du manque de terres cultivables qui ne permet pas de produire des carburants peut être compensé par la production de biomasse marine à base de micro algues.
5. Le stockage de l’électricité intermittente et excédentaire estparticulièrement nécessaire.
6.  A court terme, la vente de l’excédent d’électricité permet de s’approvisionner en carburants si le prix de l’électricité renouvelable est plus élevé d’au moins 20 % à celui des carburants*.
7. A long terme, la production de biomasse marine pour produire des carburants ens’appuyant sur de nouvelles industries peut assurer l’autosuffisance énergétique

*Les prix des énergies, prix taxés donc politiques, orientent l’économie vers une solution ou une autre.

 

4 Des scénarii pour quoi faire ?

Les scénarii comme les plans fixent des directions. Ils montrent quelles sont les conditions déterminantes pour réaliser les objectifs tels que ceux de la réduction des consommations d’énergie, de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, réduction essentiellement liée à celle des émissions des combustibles fossiles et du développement des énergies renouvelables, durables.

La première condition de réalisation des objectifs requiert la mobilisation de tous pour y parvenir. C’est pourquoi  la connaissance de ces objectifs puis l’adhésion de nos concitoyens à ces objectifs sont des préliminaires incontournables.

Michel PIERRE,
EELV-PACA