Monsieur le Ministre de la Transition écologique
et de la Cohésion des territoires de France
Des Hautes Alpes aux Alpes de Haute Provence, la fonte des glaces s’accélère et, même à plus de 4000 mètres d’altitude, les glaciers, à terme, sont en péril. Le lac de Serre-Ponçon reste à un niveau très bas en ce début d’année, bien en dessous de son seuil habituel. Dans l’est du Var, à cause de la pénurie d’eau, les maires des 9 communes du canton de Fayence ont dû geler les permis de construire pour 4 ans, ne pouvant garantir le raccordement en eau potable aux nouvelles constructions.
Car en ce début février, notre région souffre déjà de la sécheresse.
À Arles, le déficit de pluie est de 46,3% par rapport aux normales saisonnières. La sécheresse précoce a des conséquences sur les animaux sauvages.
À Lambesc, par exemple, les écureuils sont déjà en manque de nourriture. Le constat du dérèglement climatique sur notre région est sans appel. Notre région Provence Alpes Côte d’Azur se meurt lentement.
Chaque été, les feux sont plus nombreux. L’an dernier, en Provence Alpes Côte d’Azur, les pompiers ont dû éteindre près de 400 incendies. En ce début 2023, un incendie d’ampleur a déjà eu lieu, à Mouriès, et a mobilisé 270 pompiers en plein hiver.
Nous tirons la sonnette d’alarme. Au-delà du discours de vérité que vous venez de tenir sur le dérèglement climatique, nous attendons de votre part un discours de vérité sur les solutions à appliquer urgemment.
Car, seul, un plan d’adaptation qui prenne réellement en compte l’ensemble des problématiques liées au dérèglement climatique peut nous sauver. A moyen terme, sans plan massif de rénovation thermique, il sera difficile de vivre dans une région frappée par des canicules à répétition. La question de l’énergie se pose aussi. Le manque d’eau a un impact sur le fonctionnement des centrales nucléaires. L’an dernier, pour faire face à la sécheresse, une dérogation aux normes environnementales a été accordée à la centrale nucléaire de Tricastin durant plus d’un mois. C’était une mesure dite exceptionnelle mais avec le manque d’eau à venir, nous savons que cela pourrait se reproduire. Vous conviendrez que ceci n’est pas un système viable. C’est pourquoi l’investissement dans les énergies renouvelables pour notre région est crucial.
S’adapter aux effets du dérèglement climatique c’est permettre aux humains de vivre dans des conditions de plus en plus extrêmes et préserver au mieux l’ensemble du vivant.
Monsieur le Ministre, de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires de France, seul un changement de cap radical peut encore empêcher le pire. Dans cette course contre le dérèglement climatique, les décisions que vous prenez aujourd’hui sont décisives. Votre responsabilité est grande.
Pour autant aucune mesure ne sera suffisante si la France ne prend pas sa part dans la lutte contre le dérèglement climatique. C’est pourquoi, nous vous demandons de revoir à la hausse votre objectif de 40% de réduction des gaz à effet de serre d’ici 2030. Le Haut conseil pour le climat a jugé cet objectif de 40 % insuffisant. L’Europe demande de fixer cet objectif à au moins 55% d’ici 2030. C’est aussi l’effort que nous vous demandons pour protéger au mieux le pourtour méditerranéen et les territoires transalpins qui se réchauffent très rapidement.
Aujourd’hui, chaque dixième de degré compte : il est urgent d’agir et d’agir vite.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma très haute considération.
Nathalie Morand,
porte-parole Europe Écologie Les Verts Provence-Alpes-Côte d’Azur
Le 1er mars 2023
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