Nice contre Marseille ?
L’enjeu caché de la dénonciation du contrat SNCF-TER PACA
Le service public ferroviaire, c’est aussi l’unité de notre Région.
Par Sophie Camard
Avec sa brutalité habituelle, Christian Estrosi vient d’annoncer la fin de négociations avec la SNCF pour les TER en PACA et l’ouverture à la concurrence de certaines lignes (non précisées) à échéance 2019. Rien n’est précisé sur les modalités d’exploitation des trains d’ici là.
L’actuelle convention TER arrive à échéance au 31 décembre 2016. C’est donc le moment d’engager des discussions pour son renouvellement, et non de les interrompre.
Si le service des trains régionaux a connu un fort développement ces dernières années : augmentation de l’offre et de la fréquentation grâce à la carte Zou, ce développement s’est accompagné de trop nombreux dysfonctionnements (retards et suppressions de train) qui exaspèrent à juste titre les usagers.
La SNCF a sa part de responsabilité dans la situation. Il est par exemple scandaleux qu’elle n’ait pas anticipé les départs en retraite de ses conducteurs et qu’elle supprime des trains pour cette raison (ex. sur la toute nouvelle ligne Avignon-Carpentras) ! De même, la facture en PACA est plus élevée que dans d’autres Régions. Tout cela devait faire partie des points à aborder dans les nouvelles négociations.
En attendant, Christian Estrosi choisit le coup de force médiatique plutôt que le débat de fond.
Lorsque Christian Estrosi parle de rupture de négociations, de quelles négociations parle-t-il ? Aucune concertation n’est engagée à ce jour. Rien n’est connu des éventuels points d’accord et de désaccords entre la SNCF et la Région PACA.
Lorsque Christian Estrosi dit que la Région paye des trains supprimés, il oublie de rappeler que la SNCF paye des pénalités. Un nouveau contrat aurait d’ailleurs pu augmenter ces pénalités.
Pire encore, lorsque Christian Estrosi se plaint des trains supprimés, que propose-t-il ? Rien. Ou plutôt si, il supprime lui-même des trains, pour les remplacer par des autocars sur des routes embouteillées, en dépit du bon sens écologique.
Mais derrière cette annonce très idéologique existe un autre enjeu : la cohérence du service public régional ferroviaire. La volonté existe de sortir les lignes de Nice Côte d’Azur du cadre régional pour en maîtriser la gestion en local (publique ou privée) sous la coupe d’un seul et même élu.
La fonction de Président de Région ne sert à M. Estrosi que pour servir les intérêts de son territoire contre les autres, en opposant sans cesse Nice à Marseille, là où les deux métropoles auraient intérêt à s’allier pour mieux négocier avec la SNCF.
La production ferroviaire est un système intégré, qui nécessite une mutualisation des moyens et une forte compétence technique, de connaissance du réseau.
Le service public ferroviaire, c’est aussi l’unité de notre Région, un outil d’aménagement du territoire de qualité, et de lutte contre la pollution et la congestion routière.
Ces préoccupations sont sans doute opposées à celles de M. Estrosi
Sophie CAMARD
Une réflexion au sujet de “[Transports] Nice contre Marseille ? L’enjeu caché de la dénonciation du contrat SNCF”
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Voilà une excellente mise au point à propos des déclarations fracassantes du Président de Région qui a l’air de fort méconnaitre le dossier. rien d’ailleurs n’y concerne directement la ligne Paris-Briançon. Mais la question des TER nous concerne. L’Association de Défense des Services Publics va devoir engager une démarche en direction des élus « républicains » du 05. Conformément à sa démarche qui vise à défendre les Services Publics et leurs Usagers, nous devrons faire l’inventaire des conséquence de cette situation pour les Usagers.