Peu de risque d’innovation pédagogique pour tous… et surtout pour les élèves en Intégration !
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Le faible taux affiché d’enseignants proposant des innovations (5% maximum), est brandi comme preuve de cette « démotivation » toujours croissante qui devrait moins nous faire retrouver entre collègues devant l’école le matin qu’au bistrot le plus proche.

Pourtant, actuellement, nous voilà tous bien obligés de proposer des objectifs individualisés aux élèves en intégration, sans même pour tout ce qui a trait aux handicaps psychiques ou psychiatriques avoir jamais eu la moindre formation (ce qui constitue une belle preuve du respect accordé à ces élèves) ni pour que tout soit complet avoir la moindre communication extérieure sur la teneur de leurs problèmes scolaires ou autres…

Dans ce cadre propice et avec 29 autres élèves, les enseignants, parfois issus des professions spécialisées, qui mettent en place des organisations pédagogiques originales arrivant à une progression nette des compétences scolaires ou à une autonomie et une socialisation plus large de l’élève font-ils partie de ces 5% d’exceptions dont on répercuterait les réussites et expériences, vu la «galère» dans laquelle se retrouve bien des collègues ?

Ha…non, même si l’infirmière scolaire applaudit les progrès à deux mains, il n’y a pas de cadre pour recueillir et transmettre les pratiques d’aides aux enfants en intégration,(que l’on vous encourage néanmoins à mettre en place !), tutorats dans certaines activités, séquences langagières dédiées, les témoignages également de tentatives non-fructueuses et qui auraient pu être évitées ne sont pas les moins intéressantes et permettraient à beaucoup d’avoir quelques bases de démarrage… Certes, si vous avez réussi à trouver ne serait-ce que quelques astuces pour améliorer l’accueil d’un enfant souffrant d’un handicap dont le nom ne vous sera jamais communiqué, comment déjà désigner le besoin ?

Mais l’incroyable, c’est que lors du nouvel entretien d’inspection, même si vous ne vous situez prudemment que dans le domaine d’une organisation pédagogique réussie ou non, ce ne peut être transmis car, touchant au domaine de l’intégration, cela impliquerait que l’on vous confère une légitimité qui n’existe actuellement qu’en étant englobé au sein d’une équipe de recherche universitaire… Nul ne veut se mouiller dans des domaines où finalement l’inspecteur est encore moins à l’aise que vous !, et vogue l’intégration… vers une méconnaissance entretenue des besoins des élèves et des enseignants ! Ne compliquons pas les choses, l’important, c’est que le gamin soit gardé… gratuitement ou avec l’aide d’une AVS ou AVSI payée un demi-salaire qui n’a pas bien sûr pour rôle de définir les objectifs ou mettre en place des activités mais d’encadrer l’enfant dans ses réalisations. Bien sûr, il faut être inspecté juste cette année -là pour s’en rendre compte…

Rassurez-vous, on vous mettra une très bonne note, et si vous comparez les taux de réussite de la dernière marotte pédagogique rédigée par votre classe sur feuille puis sur les murs la tête en bas, ou vous vous répartissez entre collègues l’apprentissage du comptage des doigts des deux mains avec évaluation récapitulative au CM2 et taux de réussite… vous serez tout de suite noté innovant ! Mais pendant ce temps-là dans des pays que l’on nous cite en exemple comme la Finlande, des enseignants spécialisés au sein des écoles prennent en charge les enfants ayant des besoins spécifiques…

Amélie, Maître des Ecoles – Alpes Maritime (06)