[Sivens] Les zones humides ont un rôle économique
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Interwiew de Sandrine Bélier pour le journal Libération. L’ancienne eurodéputée EELV défend ces terres dont l’intérêt n’est pas uniquement écologique …

Eurodéputée EE-LV jusqu’en juin, Sandrine Bélier a porté à Bruxelles le dossier des zones humides menacées par le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Au Testet, le conflit se noue autour de la préservation de la zone humide de 18,8 hectares. Qu’est-ce qu’ une zone humide ?

Une zone humide ce sont des marais, des tourbières et des pairies humides. En fait c’est un milieu naturel qui a la particularité d’être aquatique. Du coup, on y trouve une biodiversité à la fois particulière et riche. C’est le cas au Testet où 94 espèces protégées ont été recensées.

Animales ou végétales ?

On y trouve la grenouille rieuse, le triton palmé et, chez les mammifères, le campagnol amphibie, qui est ultraprotégé. Des poissons comme de la lamproie. Des oiseaux comme la fauvette à tête noire. Il y a aussi des fleurs comme la renoncule jaune à feuille d’ophioglosse, sur laquelle travaillait Rémi Fraisse. Du point de vue de la biodiversité, la direction régionale de l’environnement considère le Testet comme étant une des zones humides majeures du département.

L’intérêt des zones humides est principalement environnemental ?

Les zones humides ne sont pas seulement importantes en termes de biodiversité. Si elles font l’objet d’un effort de protection au niveau national, européen et international, c’est qu’elles ont un rôle économique et social tout aussi important. Elles participent à la régulation des ressources en eau et ont un très fort pouvoir d’épuration naturelle de l’eau. Elles filtrent les polluants et agissent comme une station d’épuration naturelle de l’eau potable. On est là dans les services dits «écosystémiques» rendus gratuitement par la nature et pointés lors du Grenelle de l’environnement.

Ont-elles d’autres fonctions ?

Comme c’est un milieu de rétention d’eau, elles jouent aussi un rôle dans la prévention des crues. Elles participent aussi à la captation de CO2 et donc à la lutte contre le dérèglement climatique.

La surface de zones humides se réduit-elle ?

Entre 1960 et 1990, la France a perdu 50% de ses zones humides, à cause de l’artificialisation des sols et, notamment, de l’étalement urbain. Leur protection est l’une des priorités des agences de l’eau et du ministère de l’Ecologie. Et de la Convention internationale Ramsa, à laquelle la France a adhéré en 1986.

Au Testet, des dérogations ont pourtant été obtenues…

Certaines ont été accordées par le préfet et n’auraient pas dû l’être. Aujourd’hui, on est dans une logique de compensation obligatoire au niveau de l’UE : si on détruit un hectare de zone humide, on doit en recréer deux ailleurs. Or, au Testet, les 18,8 hectares de zones humides (dont 68% sur l’emprise du futur barrage) seraient reconstitués sur neuf sites différents. Mais elles n’auront pas la même efficacité. Par ailleurs, ce qui fait la spécificité de celle du Testet c’est sa proximité avec la forêt. D’où les avis du Conseil national de protection de la nature et du Conseil scientifique régional du patrimoine naturel, qui ont considéré que les mesures compensatoires présentaient un caractère «hypothétique» voire «inadéquat».

 par MATTHIEU ÉCOIFFIER – Libération

 

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